le 26 mars 2020 à 14:00
Structures mathématiques émergentes dans la créativité musicale et les arythmies cardiaques
Si l’on considère l’interprétation comme une tâche de résolution de problèmes, un aspect important du travail d’interprétation musical consiste à découvrir ou à rendre plausibles des unités de cohérence à plusieurs échelles de temps, et à communiquer cette analyse à l’auditeur. Ce faisant, l’interprète influence et façonne la réception et la compréhension de la musique. Dans une série d’études, je montrerai comment l’analyse informatique de la musique interprétée peut révéler la forme des structures musicales qui émergent dans l’interprétation expressive. La superposition de ces structures exécutées aux informations basées sur la partition montre non seulement comment ces structures sont faites, mais aussi pourquoi, ce qui permet une compréhension plus nuancée des décisions qui font de bonnes, voire de grandes, interprétations.
L’expression musicale est une forme de créativité ; une autre implique la génération de matériel de notes sous forme de composition ou d’improvisation. Je décrirai plusieurs projets touchant à la créativité des machines, de l’improvisation homme-machine à la génération de musique avec des structures à long terme basées sur des motifs répétés et des profils de tension. Les expériences les plus récentes en matière de créativité des machines utilisent des modèles de rythmes physiologiques appris à partir de traces électrocardiographiques d’arythmies cardiaques pour créer des collages à partir d’interprétations d’œuvres existantes.
Des similitudes entre la musique et le rythme cardiaque humain ont été constatées depuis longtemps, mais principalement en ce qui concerne les rythmes cardiaques normaux. Je montrerai que les rythmes cardiaques anormaux présentent des comportements semblables aux variations introduites dans l’interprétation et la composition, ouvrant ainsi la porte à l’application aux arythmies cardiaques d’une foule de techniques analytiques jusqu’ici réservées à la musique. Cette vision et cette description musicales inédites des signaux cardiaques anormaux se traduisent par des technologies qui peuvent faciliter les traitements et les diagnostics personnalisés.
Enfin, dans le cadre d’une étude menée en collaboration avec le Barts Heart Centre auprès de patients cardiaques équipés de stimulateurs cardiaques biventriculaires, nous démontrons que les réponses cérébrales aux évènements structurellement saillants d’une performance musicale en direct peuvent avoir un impact direct sur l’électrophysiologie cardiaque, avec des implications pour l’amélioration de l’utilisation de la musique en thérapeutique.
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